Accueil Actualités Assemblée des Représentants du Peuple : Le Fonds de développement qatari crée la polémique

Assemblée des Représentants du Peuple : Le Fonds de développement qatari crée la polémique

« Pourquoi cet empressement en dépit du refus de cinq membres du bureau de l’Assemblée ? Pourquoi n’a-t-on pas vu pareil empressement concernanat d’autres projets de loi plus importants ? », s’interroge le député Mabrouk Korchid.

Le Parti destourien libre (PDL) ainsi qu’un certain nombre de députés, à l’instar de Mabrouk Korchid ont demandé le retrait du projet de loi visant la création à Tunis d’un bureau du Fonds de développement qatari. Le projet en question débattu au parlement est en fait l’entérinement d’un accord signé entre le gouvernement tunisien et le Fonds qatari pour le développement. Officiellement, tel qu’écrit sur leur site web, le Fonds qatari pour le développement travaille sur cinq axes stratégiques que sont : le soutien aux pays en développement, le soutien à la réalisation des objectifs de développement durable, le renforcement de la coopération internationale ainsi que le renforcement de la durabilité des ressources publiques qataries.

Pour le député Mabrouk Korchid, cette convention signée en 2019 par le ministre de la Coopération internationale dans le temps et par ailleurs actuel député, Zied Laâdhari, doit absolument être retirée et révisée par le gouvernement, qui devra tenir compte des intérêts de la Tunisie et de sa souveraineté. Le député reproche à cette convention de n’avoir pas été faite des les règles de l’art, en accordant aux Qataris une « protection injustifiée ». Convaincu que cette convention ne sera pas adoptée vu que la majorité des blocs parlementaires y sont opposés, Mabrouk Korchid s’étonne néanmoins de ce « passage en force » que tente de faire le président de l’Assemblée des représentants du peuple, et Président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi. « Pourquoi cet empressement en dépit du refus de cinq membres du bureau de l’Assemblée ? Pourquoi n’a-t-on pas vu pareil empressement concernant d’autres projets de loi plus importants ? », s’interroge Korchid.

Même son de cloche du côté du PDL qui, lui, réagit de manière beaucoup plus différente. Le PDL considère ainsi que la convention est « colonialiste », et s’oppose énergiquement aux tentatives de « brader la Tunisie ». Sur les réseaux sociaux, et évidemment sans preuves, les pages pro-PDL accusent même le président du parlement d’avoir reçu de l’argent des Qataris pour faire passer le projet.

De son côté, contactée par La Presse, Latifa Habachi, député d’Ennahdha, et rapporteur adjoint de la commission des droits et libertés et des relations extérieures, a estimé que la polémique créée autour de ce projet de loi est née d’un sentiment anti-qatari chez certains élus, notant que le bureau du Fonds du Qatar pour le développement est à l’image d’autres bureaux de chancelleries établis en Tunisie.

« La situation économique dans le pays est telle, que nous sommes ouverts à tout pays qui nous tend sa main et réalise des investissements, explique Latifa Habachi. Un pays qui investit en Tunisie n’emportera pas avec lui un morceau du territoire tunisien, soyons sérieux, il n’y a aucune atteinte à la souveraineté de la Tunisie ».

La députée a indiqué que le Qatar a exprimé sa volonté d’investir en Tunisie, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture biologique et dans d’autres domaines. « Il est donc tout à fait normal qu’il ait un bureau pour faciliter les procédures d’investissement ».

Latifa Habachi précise que contrairement à ce que certains laissent entendre, cet accord a été conclu entre le gouvernement tunisien et l’Etat du Qatar et que de hauts cadres de la diplomatie tunisienne ont travaillé sur le dossier.

« Il s’agit d’un accord déjà signé entre deux pays, le refus du Parlement d’adopter cet accord aura des conséquences importantes sur les relations entre les deux pays ainsi sur la crédibilité de l’Etat », a indiqué Latifa Habachi.

Conformément à l’ordre du jour des séances plénières, le projet de loi relatif à l’adoption de l’accord sur l’ouverture d’un bureau à Tunis du Fonds du Qatar pour le développement sera soumis au vote aujourd’hui.

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